Richard Wagner (1813 – 1883)
Prélude des Maîtres chanteurs de Nuremberg (1868)
Joyeux prélude aux accents pompeux, cette pièce contient les principaux motifs de l’opéra qui évoque le renouveau du printemps à travers une joute musicale entre anciens (conservateurs) et modernes (esprits progressistes). Composé par Richard Wagner près de six ans avant le reste de l’opéra (1868), ce prélude est aussi un hommage aux traditions et aux chants populaires allemands du XVIe siècle. On y entend un parallèle entre l’éveil du printemps et celui de l’amour : c’est sur cette impulsion que le personnage de Walther compose son chant, thème qui sera généreusement repris dans le Chant du printemps de La Walkyrie. Dans l’ensemble de l’opéra Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, les thèmes des Maîtres chanteurs et de l’Amour sont joués simultanément dans une impressionnante polyphonie comme pour s’opposer l’un à l’autre : c’est la principale dynamique dramatique de l’œuvre. Tout l’opéra converge ensuite vers une synthèse entre la tradition et la nouveauté à travers la création du Chant du concours à l’acte III. Wagner y représente autant le talent spontané mais inexpérimenté de Walther, que la maîtrise formelle de Sachs, qui lui révèle le sens et la logique des canons de la Tablature. À noter que c’est le seul opéra de Wagner qui s’achève dans la joie, ce qui pourrait être qualifié de comédie dramatique.
Richard Wagner (1813 – 1883)
Murmures de la forêt – extrait de Siegfried
Poème symphonique empli de « bruits de la nature », ces Murmures résonnent dans un tableau plus large où Siegfried adolescent, héros en devenir de l’opéra éponyme, s’interroge sur ses origines, son enfance, et sur sa mission ici-bas. La flûte, la clarinette et le hautbois lui délivrent ensemble le message encore incompréhensible de l’Oiseau —figure de l’initiation et de l’énigme—, c’est-à-dire le sens même de la vie. Dans cette évocation impressionniste d’une forêt initiatique, l’orchestre joue une scène pastorale où l’on peut distinguer nettement le chant des oiseaux, mais aussi le flux de l’eau et le bruissement de la forêt dans une atmosphère en suspension qui exprime à la fois la force et la fragilité du vivant. Dans ses notes tirées du livret de l’opéra, Wagner évoque Siegfried arrivant dans la forêt à la grotte du dragon Fafner et voulant affronter la bête légendaire. En attendant son apparition, Siegfried « s’étend confortablement sous un tilleul » et « s’abandonne en un instant dans une rêverie silencieuse. Se penchant en arrière, il lève les yeux à travers les branches » et s’enchante des « murmures de la forêt ». Alors qu’il réfléchit à qui étaient son père et sa mère, Siegfried soupire au milieu de ces « murmures croissants de la forêt » puis « écoute passionnément le chant d’un oiseau dans les branches au-dessus de lui ». Siegfried cherche qui il est, quelle est sa mission sur terre, et la vérité lui est apportée par la nature.
Violeta Cruz (1986)
Goqui (2022)
Goqui est originellement un village de pêcheurs chinois, abandonné et progressivement englouti par la végétation. La compositrice colombienne Violeta Cruz s’inspire de cette histoire dans cette pièce étonnante qui explore les différentes techniques de jeu des instruments de l’orchestre pour évoquer un paysage fourmillant de vie et un peu inquiétant.
Violeta Cruz compose aussi bien pour les instruments classiques qu’électroacoustiques ou encore pour des « objets sonores ». Parmi ses œuvres récentes, on trouve aussi des pièces de théâtre musical : Rien n’était encore réel, pour mezzo-soprano, trio à cordes et percussion, Stabat Mater Furiosa, pour comédienne et orchestre, Le temps presse, pour un comédien-percussionniste, Presagio, pour 4 instruments, Pli, pièce participative pour chœur mixte, chœur d’enfants et percussion, Sozu pour percussion et fontaine électroacoustique.